La Capoeira

La capoeira est un art martial afro-brésilien qui puise ses racines dans la culture, les méthodes de combat et les danses des esclaves africains déportés au Brésil au XVIème siècle.

Elle se distingue des autres arts martiaux par son côté ludique, stratégique et acrobatique. Durant le combat, aussi appelé jeu, bien que d’autres parties du corps puissent être employées tel que, les mains, la tête, les genoux et les coudes, on utilise principalement les jambes pour attaquer. Les « joueurs » peuvent prendre position en appui ou en équilibre sur les mains pour effectuer des coups de pieds ou des acrobaties.


De formes diverses, la capoeira est jouée et/ou luttée à différents niveaux du sol et à différentes vitesses, sur le rythme des instruments et des chants.La capoeira exprimerait une forme de rébellion contre la société esclavagiste, les premiers capoeiristes s’entrainaient à lutter en cachant leur art martial sous l’apparence d’un jeu ; ainsi quand les maîtres colons approchaient, le caractère martial était déguisé par la musique et les chants, le combat se transformant promptement en une sorte de danse en forme de jeu agile qui trompait leur méfiance et les empêchaient de voir le caractère belliqueux de la capoeira pensant qu’il ne s’agissait que d’une autre « brincadeira » d’esclave ( du portugais : jeu ou divertissement ). Elle aurait été aussi pratiquée dans les « quilombos », refuges secrets d’esclaves en fuite créés dans des endroits peu accessibles pour échapper à leur tortionnaires. Le plus connu, « O Quilombo dos Palmares » a tenu plus d’un siècle et a fait l’objet de nombreux chants et son représentant le plus célèbre, Zumbi Dos Palmares, est une des figures de la résistance des esclaves africains.

La capoeira traduirait également une forme de langage corporel.

Les premiers esclaves parlant différentes langues et appartenant à différentes cultures l’auraient créée de manière fortuite ou infortuite comme une sorte de vecteur de communication inter-ethnique. Ce sont les explications les plus souvent émises, de nombreux historiens ont cherchés à expliquer les circonstances de la naissance de la capoeira mais il semble impossible de le faire d’une manière formelle et tangible.

On ne connait pas précisément l’origine du mot « capoeira », différentes théories essaient d’en expliquer son origine.

Il pourrait venir de la langue des indiens Tupi-Guarani et signifierait « clairière » ou « herbe rase », les esclaves en fuite auraient souvent été aperçus en train de s’entrainer dans ce type de lieu pour se défendre des maîtres qui voulaient les récupérer.

Au début du XXe siècle la capoeira gagnant de plus en plus en popularité, elle se démocratisa et gagna en respectabilité. Elle fut soutenue par de nombreux artistes, penseurs et hommes publics brésiliens qui commencèrent à émettre la possibilité d’en faire une des manifestations populaires et culturelles brésiliennes.

Dans les années 1930, Manuel dos Reis Machado plus connu comme Mestre Bimba fonde la première école de capoeira.

il l’appelle le « Centro de Cultura Fisica e Capoeira Regional » à Salvador de Bahia et créé le style de capoeira que l’on nomme « Capoeira Regional ».

Ce fait est singulier car à l’époque la capoeira ne s’apprend que dans la rue et dans l’instant, s’entrainer à la capoeira dans une salle avec des entrainements codifiés ( dont notamment les fameuses huit séquences de Mestre Bimba) était nouveau et préfigure des multiples académies qui vont se créer par la suite. La capoeira regional se distingue de la capoeira traditionnelle car Mestre Bimba y intègrera des éléments de « Batuque », une lutte africaine que pratiquait son père, et d’autres éléments venus d’arts martiaux étrangers pour en faire une lutte différente de la capoeira traditionnelle. Un de ses souhaits est aussi de nettoyer l’image de la capoeira en la dissociant du banditisme et des problèmes de délinquance de la société brésilienne de l’époque. Pour cela, il n’accepte dans son académie que des individus pouvant certifier d’un travail ou d’un statut honnête : ainsi la première génération d’élèves se trouvent être en majorité des jeunes blancs aisés et de bonne famille ce qui à l’époque était une forme de respectabilité. En 1952 il réussit à attirer l’attention du président brésilien de l’époque, Getúlio Vargas, et fera une démonstration à la suite de laquelle le président affirmera que la capoeira est le « véritable sport national ».

Totalement à contre pied de Mestre Bimba, Vicente Ferreira Pastinha connu comme Mestre Pastinha incarnera le courant qui souhaite conserver dans une certaine mesure la capoeira traditionnelle, et sera appelée « Capoeira Angola ».

Ce sont les évènements qui permirent à la capoeira de sortir de sa clandestinité et de s’affirmer de nos jours comme une des activités sportives les plus pratiquées par les brésiliens avec le football, le volleyball et le jiu-jitsu brésilien.

La capoeira de nos jours

Avec l’essor de la capoeira, le Brésil a vu apparaître de nombreux groupes et vers 1970, un groupe qui souhaitait pratiquer la capoeira a créé un système de cordes à l’image des ceintures de couleur des arts martiaux asiatiques.

Néanmoins, il n’y a pas d’uniformité entre les différents groupes de capoeira en ce qui concerne les couleurs des cordes. Chaque groupe a un classement de couleur qui lui est propre. La plupart du temps, la première corde est la blanche, qui représente la virginité et à qui on doit tout apprendre, mais parfois, cela peut être vert clair en signe d’un fruit qui n’a pas encore atteint maturité. Dans certains groupes la corde blanche est celle des « Maîtres » eux-mêmes. Cela montre les différences parmi les groupes.

Les années 1980 et le renouveau des mouvements de conscience noire ont favorisé l’apparition des groupes qui cherchaient à se rapprocher de la tradition.

Dans les mêmes années, des professeurs de capoeira se sont installés un peu partout dans le monde.

Au niveau international, la discipline de la capoeira est majoritairement organisée en groupes, eux-mêmes composés d’académies et d’écoles. Chaque groupe possède ses propres aspirations, pratiques et coutumes, tout en conservant la base culturelle commune de la discipline.